Conception de la self-défense
Beaucoup de maîtres se refusent à
participer à la modernisation de leur art. Ils préfèrent le conserver pour eux
et l'enseigner de façon traditionnelle à des petits groupes d'élèves. Les
maîtres pensent que si le Penchak Silat devient un sport, cela compromettra sa
valeur, sa vitalité combative et affaiblira inévitablement son efficacité comme
art de défense ; car avec l'apparition de cet aspect sportif, certaines
techniques de protection considérées comme vitales, par exemple : penser à la
protection des parties génitales, de la gorge, des yeux et des articulations
seront supprimés, car, elles deviendront inutiles à l'entraînement étant donné
que les règles du sport interdisent de viser ces cibles. Or, nous nous battons
comme nous avons appris à le faire à l'entraînement. L'antique style de Silat
développe des réactions-réflexes qui permettent au pratiquant de
contre-attaquer automatiquement en visant son adversaire à certains points
vitaux, tout en gardant une conscience profonde de sa propre vulnérabilité. Cet
état d'alerte se perd avec le Penchak
Silat de compétition qui se retrouve dans la frange dangereuse de l'art de
combat qui n'est plus conçu comme une authentique self-défense. Nous risquons
d'avoir des écoles qui entraîneront des gens dont le seul objectif est de
gagner des compétitions, appliquant des techniques spécialement élaborées pour
gagner selon des règles préétablies.
Tous les styles sérieux de
Penchak Silat préparent leurs élèves à l'éventualité d'un combat contre
plusieurs adversaires. Le pratiquant garde conscience de ses agresseurs potentiels
même quand il s'entraîne avec un unique partenaire, voire quand il s'entraîne
seul. De nombreux styles, dont fait partie le Sétia Hati Tératé, exécutent
leurs exercices en tablant sur, au minimum, trois adversaires pour arriver peu
à peu aux exercices qui impliquent une agression à 5 ou 6 personnes. C'est pour
cela que les immobilisations en Penchak ne sont pas maintenues longtemps pour
permettre d'affronter aussitôt un autre agresseur. En effet, c’est essentiel
dans un combat contre plusieurs individus.
Les maîtres de Penchak Silat
considèrent celui-ci incomplet s'il n'utilise pas les techniques avec armes. D'ailleurs, les
objets usuels de l'environnement quotidien peuvent être utilisés en combat : un
stylo à bille, un peigne, une ceinture, un magazine, une lampe-torche, etc...
Le Penchak Silat, dans un contexte pur de self-défense, utilise le milieu
environnant chaque fois que l'occasion se présente, comme pourrait le faire un
agresseur. Cette attitude mentale nous invite à observer attentivement les
gestes éventuels d'un adversaire potentiel. Le Penchak Silat, en tant que
méthode de self-défense de premier ordre, doit s'adapter à toutes les formes de
combat et ainsi englober un large éventail technique. Les concepts du Penchak
reposent sur deux axiomes : "Ne jamais se laisser surprendre et toujours
garder l'esprit vif". L'adepte doit s'entraîner pour être opérationnel
contre tout type d'attaque avec un ou plusieurs adversaires, et cela même dans
les positions les plus vulnérables : couché, assis. Le Penchak Silat, en tant
qu'art éclectique et analytique, est fondé sur des mises en situation extrêmes.
L'enseignant doit donc amener le pratiquant à utiliser son savoir et ses
connaissances techniques avec un maximum de logique en fonction des événements.
En combat réel, on évite de reculer : au contraire, on entre dans l'attaque de
l'adversaire en cherchant au maximum le contact. Il n'y a pas de coups
interdits : les yeux, les parties génitales, la gorge, les vertèbres
cervicales, les articulations, forment des cibles favorites.
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